Conscience et inconsistance
Tu n’as pas décidé de venir en tant que conscience dans ce monde.
Peut-être penses-tu que cette conscience n’est que le corrélat du corps et qu’elle a grandi avec lui et finira par s’éteindre avec lui, la fin venue ?
Si nous n’avons pas de preuve tangible quant à l’infinitude de la conscience, nous sommes, cependant, sommés d’expliquer notre apparition involontaire dans ce monde et pour quelle finalité.
Lorsque nous regardons l’univers où cette vie se déroule, nous n’avons d’autre choix que de constater l’extrême agencement des ses éléments avec une harmonie si intense qu’il est difficile de douter de la volonté invisible qui l’a propulsé un jour. Et nous avec… Reste ce cheminement de chacun de nous et de la singularité de son histoire.
Tu meurs n’importe quand, n’importe où, n’importe comment.
Tu continues cependant d’exister…
Ta conscience est éternelle. Elle s’est manifestée un jour dans un corps, en portant un nom, en exécutant un destin. Puis plus rien… Sauf ce n’est pas le néant.
C’est le début d’une métamorphose dans la continuité.
Tu traverses une multitude de non-espaces avec une présence pleine, une mémoire sans faille et surtout éveillé enfin à ta véritable nature.
Ce jour-là n’est pas loin pour celui qui sache attendre…
Attendre dans l’action ce futur immédiat…
Et, chaque matin, faire ce qu’il y a lieu de faire avec application et abnégation. Continuer son bout de chemin dans le tumultueux silence des êtres les plus proches… Suivre pas à pas les méandres de cette aventure humaine, collective dans son apparence mais intrinsèquement individuelle.
Cette vérité est l’évidence même. Mais l’oubli qui t’enfonce dans la quotidienneté t’enferme dans une sorte de léthargie mentale à tel point que tes actes deviennent celle de quelqu’un voué à vivre ici-bas éternellement… Et dans la perspective de continuer de vivre jusqu’à la mort sans but et sans fin au gré du temps et de l’éphémère, nous passons à côté de l’essentiel.
« Sans but fixe, on perd tout, le bonheur et la gloire ; on n’aboutit à rien sans se continuer ». Citation de Henri-Frédéric Amiel ; Journal intime, le 29 août 1872.